Ce solo de danse-théâtre met en scène les quelques minutes passées en loge avant de monter sur scène. Un soliloque est sans doute aussi ce qui définit tout face à face avec soi-même avant que ne se pose le regard des autres. Dans une volonté de désacralisation de la figure de l’artiste, ce solo lève le rideau sur l’avant spectacle, sur « les dessous » de l’œuvre et de l’être en scène. Il met en abîme le voyeurisme de la position du spectateur qui, depuis l’autre côté du quatrième mur (qui est ici un miroir), se retrouve face à lui-même, se regardant regarder.
Les mues successives du personnage et le fait que le solo se termine au moment où le «vrai» spectacle devrait commencer, sèment le trouble. Entre documentaire, performance, one woman show, autobiographie et autofiction, ce solo propose un glissement progressif du réel à la fiction et parle des limites infimes qui existent entre le geste quotidien et le geste artistique, entre les coulisses et la scène, entre l’intime et l’universel, entre le «je», le «jeu» et le «nous». De la femme dans son plus simple appareil à l’artiste en habit de lumière, le spectateur assiste à une métamorphose sinueuse où la belle et la bête se confondent, où la réalité et son reflet se superposent et où le narratif dialogue avec l’absurde.
Soliloque avant le trou noir est un solo de danse-théâtre pour une loge ou tout espace équipé d’un miroir. La maquette a été créée au théâtre du Collectif 12 dans le contexte d’une commande pour l’ouverture de saison 2013-2014 (où il a donné lieu à quatre représentations consécutives, dont une, jeune public). Son format court et son adaptabilité, en termes d’espace et de scénographie, permettent notamment sa programmation dans le cadre de soirées partagées, de visites et /ou de déambulations dans un théâtre par exemple.